LE GRAND PARIS APRÈS L’EFFONDREMENT

Notes de lecture – Philippe Verdier

Pistes pour une ile – de – France biorégionale

Ce petit livre (Wildproject éditions, Aout 2020, 10€ ) résume une recherche commanditée à l’Institut Momentum par le Forum vies mobiles, think tank de la mobilité soutenu par la SNCF.

Les auteurs :

Agnès Sinaï, journaliste d’environnement, autrice ou coordinatrice de nombreux ouvrages (sauver la terre ; petit traité de résilience locale ; penser la décroissance…) a rassemblé une dizaine de personnes pour fonder en 2011 l’Institut Momentum, laboratoire d’idées sur la décroissance solidaire, recherchant des réponses efficaces au choc de l’effondrement provoqué par la fin de l’abondance énergétique.

Yves Cochet, homme politique et mathématicien, fondateur des Verts, ministre de l’aménagement du territoire du gouvernement Jospin (2001-2002), rapporteur du premier colloque mondial sur la décroissance (Paris 2008), auteur, entre autres, de : Pétrole apocalypse (2005) ;  Antimanuel d’écologie (2009) ; Devant l’effondrement : essai de collapsologie (2019).

Benoît Thevard, qu’on ne présente plus dans notre région, ingénieur spécialiste du pic pétrolier, a participé à la mise au point du scénario régional « 100% renouvelables en 2050 » réalisé par l’Institut Négawatt avec Virage Energie CVL, pour le Conseil Régional Centre-Val de Loire. Il a été collaborateur du Vice-Président Charles Fournier au Conseil Régional, et l’un des fondateurs de l’association locale « Chateauneuf-sur-Loire en transition ».

Les auteurs ont mené un travail d’exploration d’un scénario décroissant pour l’Ile-de-France, dans lequel le territoire doit se réorganiser autour de milieux de vie locaux, les « biorégions », l’automobile ayant disparu ou presque, et la région devenant quasi-autonome sur le plan de la production alimentaire.

Le tableau qui suit résume quelques unes des idées qui nous ont frappé à la lecture de ce petit ouvrage stimulant, et quelques observations ou questions qui nous sont venues.

QUELQUES IDÉES DU LIVREQUELQUES OBSERVATIONS
Reconversion des grandes cultures en production alimentaire pour le marché urbain de l’Ile de France (qui ne produit plus actuellement que 10% de ce qu’elle consomme)

Emploi agricole en forte augmentation : de 10 000 environ en 2017 à … 1,5 million en 2050

Réduction progressive de la disponibilité énergétique par habitant à une TEP/an (division par 2,6)

Réduction importante des déplacements en voiture : de 5 millions de voitures en 2015 à 90 000 en 2050    
Ces idées-force,  sainement provocatrices, sont stimulantes : même si l’ouvrage ne s’étend pas sur le « comment » du passage d’une situation à l’autre, on se dit que c’est sans doute jouable, et raisonnable ! … et on a envie que ces pistes soient davantage explorées.
« Evoluer d’un modèle de concentration métropolitaine vers un paradigme biorégional. Promouvoir la décon-centration démographique de la région Ile de France », et la diviser en huit « biorégions ».

Vision d’une « Ecopolis » : « une ville formée de villages qui surgit de la dissolution des agglomérations périphériques métropolitaines, désormais intégrées à des parcs agricoles urbains »
Le coté « les petites communautés valent mieux que les grandes villes et sont plus efficientes dans leur utilisation de l’énergie» ne méconnait il pas les avantages de la ville comme lieu de proximité, de mutualisation des services et d’économies d’échelle ?

La déconcentration démographique ne suppose -t-elle pas une consommation d’espace par l’urbanisation, et des constructions nouvelles … autant dire de l’étalement urbain !

Où localise-t-on les populations ainsi « déconcentrées » ? quelle planification ? quels couts d’investissements et d’infrastructures ? Là aussi, on a très envie d’en savoir plus !

Laisser un commentaire