Face au mirage du nucléaire vieillissant, quelles sont les solutions pour développer durablement l’emploi dans nos territoires ? L’étude de la Région Centre-Val de Loire « Scénario 100% renouvelable 2050 » nous en explique la recette. Sobriété, efficacité énergétique et énergies renouvelables (étude disponible ici). Ce scénario, à la base de la politique énergétique de la Région dans son SRADDET (1) calcule de manière détaillée le paysage énergétique régional d’ici 2050 en opérant une transition énergétique soutenable, c’est-à-dire en éliminant progressivement les énergies fossiles et le nucléaire.
Ce billet est une réaction à l’article de Mag’Centre du 14 janvier 2021 : Le nucléaire, richesse pour l’économie régionale.
Le volet socio-économique de l’étude de la Région compare le scénario 100% renouvelables en 2050 à un scénario tendanciel, où le nucléaire garde une grande place dans le paysage énergétique. En voici le résultat :
« Le nombre d’emplois total est équivalent dans les deux scénarios : 2,01 millions d’emplois.an pour le scénario 100 % ENR et pour le scénario tendanciel de 2015 à 2050. On observe par contre une beaucoup plus grande stabilité dans le scénario 100 % ENR que dans le scénario tendanciel. Dans ce dernier apparaissent deux pics d’une dizaine d’années, correspondant à la construction de nouveaux EPR, à laquelle s’ajoutent les emplois liés à la prolongation de la durée de vie des centrales entre 2020 et 2030. Le risque d’une dynamique aussi particulière pourrait se situer dans un recours à des travailleurs venus d’autres régions et qui ne vont pas s’installer durablement sur le territoire. »
Au-delà des considérations socio-économiques de territoire, le nucléaire se présente bas carbone mais ne représente pas pour autant une solution face au défi climatique. La majorité de nos émissions sont dues au chauffage des bâtiments et au transport en voitures et camions. Il est illusoire de penser électrifier massivement ces usages en 10 ans, pour espérer respecter l’accord de Paris sur le Climat. En outre, le chauffage électrique des bâtiments présente un très mauvais rendement, et la production de voitures électriques est loin d’être écologiquement correcte. La solution, selon nous passe par un effort massif de sobriété : rénover massivement les bâtiments, réorganiser les transports, cesser de soutenir le transport aérien, (aéroports de Tours et Châteauroux), et développer les énergies renouvelables thermiques et électriques est la seule solution pour :
– Respecter l’accord de Paris sur le Climat,
– Fournir des emplois non-délocalisables et pérennes dans notre région,
– Offrir à tous la possibilité de vivre dans un logement décent et de se déplacer selon ses besoins.
Cette orientation permettra aux salariés d’EDF une reconversion dans les emplois de la transition énergétique. Les 10 prochaines années sont cruciales pour endiguer le dérèglement climatique et L’Etat ne pourra pas supporter un plan d’investissement en faveur d’EDF pour prolonger de 10 ans les réacteurs nucléaires et lancer en parallèle un plan massif d’investissement pour réduire nos consommations d’énergies carbonées (chauffage, transport). Telle est bien la réalité des chiffres et des faits, qui sont têtus… alors il faut se remettre au travail pour « sortir » enfin un plan régional d’investissements réellement en accord avec les orientations prises par le SRADDET (1).
(1) SRADDET : Schéma régional d’Aménagement et de Développement Durable des Territoires.